• Je marche au bord de la mer qui dépose sur le sol de sable nu, strié de rose, des colliers d'algues brunes, goémons lustrés de la lumière d'aurore. Au loin, j'entends le cri rauque des mouettes blondes et des goélands perchés sur des roches rouges comme des statues vouées à la gloire de l'été. Le vent brise l'eau bleue, en fait des mosaïques qui scintillent sous la coupole de l'azur. Plus loin encore, j'entends le grondement de la tramontane et les bribes du chant des abeilles qui s'éloignent des vignes pour devenir fossile d'ambre, broches d'or sur le sable grège que je foule solitaire sur la grève. Puis je recueille ces bijoux solaires au creux de mes mains blêmes, l'air solennel, tout en silence.

     


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  • Ce lundi 15 avril au matin, j'ai longé les rives de l'Ill. La lumière de l'aurore mordorait les saules pleureurs déjà courbés, dont la chevelure tombante faite de feuilles vertes oblongues, touchait presque l'eau. Quelques oiseaux piaillaient sous le soleil crépitant tandis que les forsythias piquetaient de pièces d'or la rive baignée d'une douce lumière vernale. Quelques prunus endimanchés étendaient leurs branches couvertes de ouate rose comme des plumeaux de soie dans le ciel d'azur. Et sur l'eau bleue et lisse qui reflétait par endroits le dôme rouge de la cathédrale, quelques cygnes effarouchés esquissaient une danse comme un virevoltement de nacre sur le saphir de la rivière. J'aimais à les voir s'enhardir puis s'enlacer, ces grands oiseaux blancs pétris de neige, comme d'augustes messagers de l'espoir que rien ne semblait troubler.

     


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  • Nous venons de nous installer au café Brant comme dimanche dernier. Le soleil bat son plein et gicle de lumière comme un citron sur une feuille de soie bleu clair. Le ciel est azur en ce début d'après-midi et cela réconforte le moral comme ces jours d'été où l'on a l'impression que la lumière nous appartient. Belle lumière translucide qui se distille en fines gouttelettes sur le rebord des tables et des chaises, des arbres aussi dont la verdure des feuilles paraît toute vernie, lustrée. Je jouis sereinement et en silence de ce spectacle embrasé et souhaiterais qu'il perdure pour l'éternité quand le serveur très affairé me dit : "Votre expresso Madame!". Je le bois à petites gorgées, comme si je buvais un nectar de soleil d'été puis je continue de rêver, les yeux en direction du ciel et la tête bourdonnante du bruit des abeilles et du chant des oiseaux migrateurs. Pourquoi se presser?

     


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  • En ce moment, il me plairait de voir la mer universellement bleue, le sable grège et chaud et un ciel blond que déchire l'aurore. Il me plairait de rester longuement comme une statue de sable pour contempler la mer loin devant moi, regarder ses vagues se courber, ses volutes se former, ses rouleaux d'écume s'évaporer sur la grève comme des morceaux de dentelle ouvragée. Il me plairait de contempler, comme à la lisière du monde, ces figurines de sel que forgerait le sable sur la grève, ces coquillages de nacre perlés d'encre de seiche et, vers le soir, ourlés de sang crépusculaire. Il me plairait de marcher le long de l'eau, sentir la brise humide sur mon visage, fermer mes yeux et prier pour que le lendemain, le surlendemain, le pain rose de l'aube m'apporte la même félicité.

     


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  • Un après-midi de de mai, le soir violet commençait de poindre à l'horizon de la mer ourlée de couchant et par endroits ambrée ou même mordorée. Quelques roses des sables, tombées du ciel et fraîchement cueillies, jonchaient la grève maculée d'empreintes de pas et de fossiles échoués là comme les vestiges d'un autre temps. Je marchais le long de la plage de soie grège et de la mer. La brise marine caressait mon visage tandis que je jouissais d'une vue imprenable sur la baie à présent inondée de pourpre. Les rochers de grès rouge perçaient la voûte du ciel, ponctuée par de frêles éclats de lune qui ondoyaient sur la plage devenue presque rose. Rien n'était plus beau que ce soir balayé par le vent.

    Bientôt la nuit mauve allait éclore, dispersant ses étoiles comme des grains d'or sur la mer. Leur reflet semblait déjà flotter sur l'eau transparente comme des ocelles sur une robe de paon immensément bleue. L'eau bordée de son écume tournoyait au gré de la danse circulaire du ressac marin, se déhanchait sous l'inclinaison solaire. Assise alors au bord d'un rocher, tout près de la grève qui accueillait le sang crépusculaire, je rêvais que je devenais sirène sous une nuée d'oiseaux, pépites de nacre dans le ciel solitaire.


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