• Traversée de nuit

                                                           

    Le bateau fendait l'eau déjà bleu marine, presque noire à l'approche de la nuit. Mille lumières scintillaient au loin comme des festons sur la soie sombre du ciel, des broches d'or sur sa toile noircie.

    Puis, la nuit violette, intense et véritable, nous enveloppa de son manteau de velours, nous entoura de ses bras d'ombre comme une mère son enfant.

    Après les libations solaires du ciel et de la mer, les orgies de lumière observées quelques heures plus tôt aux îles du Frioul, nous plongions nos âmes et nos corps dans ce gouffre d'ombre et de volupté, dans ce monde de plaisirs cachés, dérobés au regard bleu du jour et de son insolente gaieté.

    Sur le pont, nous avancions à tâtons, dans  les ténèbres comme des animaux nocturnes buvant l’eau noire qui mordait la coque du bateau, happant l’air sombre festonné de silence et drapé d’or, de l’or de toutes les lumières du monde qui nous éblouissaient en retour : Diamants émergés de l’eau, bijoux dans leur écrin de velours noir comme un hymne silencieux, un ultime hommage à la nuit méditerranéenne.

     

           

    Traversée de nuit

                                                                                                                       


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