• Un après-midi de de mai, le soir violet commençait de poindre à l'horizon de la mer ourlée de couchant et par endroits ambrée ou même mordorée. Quelques roses des sables, tombées du ciel et fraîchement cueillies, jonchaient la grève maculée d'empreintes de pas et de fossiles échoués là comme les vestiges d'un autre temps. Je marchais le long de la plage de soie grège et de la mer. La brise marine caressait mon visage tandis que je jouissais d'une vue imprenable sur la baie à présent inondée de pourpre. Les rochers de grès rouge perçaient la voûte du ciel, ponctuée par de frêles éclats de lune qui ondoyaient sur la plage devenue presque rose. Rien n'était plus beau que ce soir balayé par le vent.

    Bientôt la nuit mauve allait éclore, dispersant ses étoiles comme des grains d'or sur la mer. Leur reflet semblait déjà flotter sur l'eau transparente comme des ocelles sur une robe de paon immensément bleue. L'eau bordée de son écume tournoyait au gré de la danse circulaire du ressac marin, se déhanchait sous l'inclinaison solaire. Assise alors au bord d'un rocher, tout près de la grève qui accueillait le sang crépusculaire, je rêvais que je devenais sirène sous une nuée d'oiseaux, pépites de nacre dans le ciel solitaire.


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  • Un matin d’hiver, en traversant le parc des Contades, j'ai pu admirer à loisir les festons de lumière qui se déposaient sur la poudre de neige finement ciselée, recouvrant tous les sentiers ainsi que les pelouses découpées à la serpe solaire. Les arbres encore dénudés, candélabres d'ébène, donnaient en pâture au ciel le reflet de leurs oiseaux blessés. Ils chantaient la voix frêle, éraillée sur leurs branches inondées de soleil. Leurs premiers bourgeons s'incrustaient comme des boutons de nacre sur l'azur indéfectible. Et cet azur strié de mille joyaux, réceptacle incessant de corbeaux bleus, esquissait une mosaïque en forme d'étoile ou bien de rose déliquescente.

    Etourdie de lumière, je continuais de suivre en silence les sillons festonnés qui giclaient sur le sol blanc. Et la guirlande que formaient mes empreintes de pas sur la neige fraîchement tissée, traçait, autour de ma silhouette, un collier de dentelle déjà enluminé par le rubis d'un soleil matinal.

     


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  • Il est 22h 30. La nuit noire couve l'humidité automnale et la voûte ronde du ciel jaunie d'étoiles. Les corbeaux croassent luisants d'obscurité : Photophores volatiles et bleuis dans l'orage violent.


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  • Il est près de minuit. J'écris, pénétrée par l'ivresse du soir et de l'été. Les fleurs mauves de la nuit bleue se sont déployées dans le ciel de mes yeux, prêts à errer d'étoile en étoile avant de se fermer, perlés de pluie et de parfum nocturne.
     


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  • Pour la première fois de ma vie mais peut-être pas la dernière, j'écris sur ce blog.

    Aujourd'hui, marché sous les lumières ravissantes de la nuit, comme sous la splendeur d'une ville de lumière. Je ne nommerai pas le lieu de ces pérégrinations nocturnes. Mais chacun peut deviner où ont porté mes pas : aux alentours d'une puissante cathédrale de sable rouge, dans une ville de l'est sur le Rhin, bien loin de la mer et tout près de l'Allemagne, j'ai heurté de mes pas le pavé noir.

     Ce soir, la lune s'est levée et mes yeux se ferment très lentement.

     A demain peut-être....


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