• Automne rouge

        Les feuilles d'automne tombent des arbres rouges des érables du Japon, des prunus, des cognassiers en feu. Je suis au jardin botanique, mes pas s'ancrent dans l'empreinte des oiseaux. Sous la brûlure d'un soleil orange, mordoré comme les feuilles mortes qui tombent à mes pieds, j'entends la rumeur de l'automne, sa résonance mate et cuivrée au creux des pierres. En ce jour d'octobre, les châtaignes maculent encore le sol de leurs bogues épineuses comme des fruit défendus offerts à la tentation des passants.

    Avant que la nuit violacée ne vienne, les corbeaux croassent dans le ciel solitaire, presque rouge au couchant. Je ferme les yeux pour m'imprégner de ces chants d'automne, croyant entendre en filigrane le cri strident à peine perceptible d'un fragile moineau. Ce n'est que le crissement d'une brindille de bois sous mes pieds, le craquement de bois sec comme un bruit de pipeau dans l'air froid.

    Le parfum sucré des champignons et de la terre encore humide de pluie me parvient alors intact comme les vestiges d'un autre temps, d'un autre automne, où cartable au dos, je parcourais les allées de bitume ensevelies de feuilles mortes dorées. Lorsqu'enfant, encore, sur le chemin de l'école, je respirais cet automne rouge, tableau de craies vives à ciel ouvert qui semblait m'apprendre tant de choses sur le monde bien plus que les écritures blanches et curvilignes du tableau noir de la classe.

     

     

    Automne rouge


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