• Strasbourg en mer

      La flèche rouge de la cathédrale perce la voûte cendrée du ciel comme le mât, la hune d'un navire qui pourfend les flots. Dans ce matin gris et laiteux de novembre, la lune blanche se décalque sur le ciel comme un cercle de papier cellophane en suspens, un mobile de Calder dont je pourrais tirer les ficelles impunément.

    Elle me toise cette lune de papier diaphane comme le ferait une marâtre. Son regard assombri est lourd du ciel de la nuit dernière, chamarré de tout l'or des étoiles. Son regard me fusille, transperce mon corps troué d'automne.

    Comme un aigle au sommet de la cathédrale rouge comme le sang du soleil, je vogue et je divague dans le jour naissant. Je tangue dans cette aube rose, encore fraiche, affrétée à mon corps sans yeux, à mon jour d'automne sans lumière, à l'éclosion d'une rose vivante dans le ciel cuivré, effarante comme l'aurore qui se lève sur la mer.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :