• Roses gelées

        

      C'est un jour de neige comme je les aime avec des roses gelées sur mon chemin de solitude, sur mon sentier blessé de pierres, jonché d'oiseaux. C'est un jour blanc comme je les aime avec des cris marins qui résonnent dans l'air froid, qui crissent à mes oreilles comme les grelots d'un pantin de bois. Les cloches de l'hiver sonnent le glas de mes vertes années. Et ce jour de décembre rallume la braise rouge de mes souvenirs. Souvenirs enfouis dans la rivière glacée, dans l'eau bleue calcifiée où s'emprisonnent les roses gelées de mon collier d'enfant, maintenant éparpillées.

     


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  •   Ce soir, il neige. Il neige de plus belle et les toits des voitures et des maisons ainsi que les roses gelées, recouvertes d'une couche de sucre glace, semblent se durcir à l'approche de la nuit. Les arbres se parent de leurs plus beaux atours, de leurs habits du dimanche, saupoudrés de cette nacre dont on confectionne les napperons de dentelle.

    Je marche sur le bitume enneigé, troué de flaques d'eau, d'ocelles de lumière que reflète la lueur cuivrée des lampadaires qui viennent de s'allumer. Je marche dans leur reflet comme entre des ombres errantes qui me hantent, pareilles à de vieilles femmes recroquevillées sur leur passé, transies sous l'étoffe de pacotille de leur manteau rapiécé.

    Ce soir, il neige et bientôt, ce sera la nuit blanche parfumée qui fermera ma bouche rouge comme la braise, scellera mes yeux écarquillés.


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  •   La flèche rouge de la cathédrale perce la voûte cendrée du ciel comme le mât, la hune d'un navire qui pourfend les flots. Dans ce matin gris et laiteux de novembre, la lune blanche se décalque sur le ciel comme un cercle de papier cellophane en suspens, un mobile de Calder dont je pourrais tirer les ficelles impunément.

    Elle me toise cette lune de papier diaphane comme le ferait une marâtre. Son regard assombri est lourd du ciel de la nuit dernière, chamarré de tout l'or des étoiles. Son regard me fusille, transperce mon corps troué d'automne.

    Comme un aigle au sommet de la cathédrale rouge comme le sang du soleil, je vogue et je divague dans le jour naissant. Je tangue dans cette aube rose, encore fraiche, affrétée à mon corps sans yeux, à mon jour d'automne sans lumière, à l'éclosion d'une rose vivante dans le ciel cuivré, effarante comme l'aurore qui se lève sur la mer.


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  • Tristesse de ce jour qui s'égrène sur les branches nues des arbres, sur leur tronc glabre où ne se posent plus d'oiseaux. Tristesse de novembre qui perle à même ma tasse de thé brûlant que je bois dans le silence de cette sombre soirée d'automne. Tristesse des feuilles mortes jaune d'or sur le bitume écartelé de la rue où me portent mes pas gourds de silence, sourds de l'obsolescence de ce jour d'ombre. Jour sombre, humide comme la rosée noire de cette nuit de novembre, de ce proche hiver qui me noie.


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  • Nostalgie des heures chaudes de l'été ou même simplement des heures lumineuses du début de l'automne lorsque les feuilles d'or commencent de tomber sur le sol orangé, lorsque les châtaignes entrouvertes, toutes pénétrées de la braise de l'aube et de sa rosée, crissent sous mes pas.

    Sous mes pas, désormais, ne subsistent plus que des morceaux de boue et de feuilles flétries : tombeaux de soie recroquevillés de pluie. Ne subsistent plus que des lambeaux d'ombre et de nuit.

    Sous le plumage sombre des corbeaux, sous leur voilure obscurcie, je recueille les chardons humides de cette nuit de novembre qui sont comme les vestiges d'étoiles mortes tombées de son ciel de suie, comme les astres sombres de ma mélancolie.


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