• Le parc de l'Orangerie est superbe avec ses habits d'automne. Les feuilles incrustées d'or accrochées aux cimaises des arbres et du ciel tombent négligemment sur le sol comme des billes d'or, des perles de soie friables à l'infini.

    Quelques corbeaux noirs perchés sur des arbres déjà dénudés, quelques moineaux pépiant sur l'herbe humide bruissent dans le jour orangé, presque noctambule à l'approche du couchant.

    Des essaims d'autres oiseaux parcourent le ciel. Leur frêle froissement d'ailes chuchote à mes oreilles. Ce tourbillon d'oiseaux migrateurs s'égaille au creux d'une danse silencieuse, d'un vertige de douceur et de plumes. Au creux d'une esquisse si délicate qu'on la dirait tracée à l'encre de Chine. 

    Les essaims d'oiseaux, ces danses insolites qui miroitent, comme mirage au firmament, m'ont toujours beaucoup émue. A tel point que j'aime lever ma tête vers le ciel et, béate, observer ces pelotes noires d'oiseaux mêlés en suspens. J'aime apercevoir ces traînées vibratiles de poudre sombre, ces milliers d'ailes à l'unisson.

    J'aime les voir s'envoler vers une même et lointaine direction. Mais vers où? Vers l'orient assurément!

     


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  • Nous sommes en plein été et je vous regarde corbeaux freux vous poser sur les antennes des toits, sur les tuiles morcelées de soleil, mordues par le sommeil de la nuit passée.

    Corbeaux freux, bleus encore de ciel marin du jour dernier, vous faîtes le guet comme des sentinelles apprêtées dans le recueillement de votre fraîche notoriété. Parfois vous croassez, effrayés par le silence de l'aube. Vous recueillez sur votre plumage d'ébène à peine froissé des gouttes de rosée tombées la veille dans le calice des roses trémières. Vous vous abreuvez de leur solitude au goût sucré, au goût d'extrême liberté. Puis, vous prenez votre envol, corbeaux d'été, loin, très loin au dessus de la mer recomposée.


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  • Alors que je me trouvais à Paris,  sous le soleil cuivré d'un printemps qui ressemblait à l'automne, je suis allée fouler les allées ombragées du Parc Montsouris. J'y ai revu ses arbres noueux, son lac bleu cendré, le grand kiosque que j'avais l'habitude d'explorer étant enfant- cette fois-ci sans musiciens ni fanfare-. J'y ai revu le monticule de pierre qui ressemble à un immense château de sable au coeur des attractions enfantines, les balançoires vert d'eau, la buvette et ses sucres d'orge. J'ai entendu les roucoulements de pigeons et le cri mat des cygnes blancs ou noirs dans le silence des prunus qui parfumaient tant l'herbe alentour que le ciel clair à l'infini.

    J'y ai revu les bribes de mon enfance perdue. Enfance recouvrée dans ce parc, étalée au grand jour.


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  • Je regarde la nuit sans étoiles, sans plus aucune lumière crépitante qui vienne me rappeler l’or du soleil et l’écoulement des jours paisibles d’été. Je regarde la nuit noire charbonneuse. La lune s’en est allée elle aussi, ainsi que son cortège de brûlures et de flammes qui consumaient la toile marine du ciel, formant un liseré de braises rouges, de cendres d’or à ses extrémités.

    Je regarde la nuit mate, mer noire sans voile, désormais sans étoiles, désormais sans lune aussi et je tente de trouver refuge dans mes rêves roses d’enfance. Rêves naïfs illusoires où dans le miroir de ma jeunesse à présent frelatée, je retrouverais ces astres perdus, arches d’or qui illumineraient mon corps de vieille femme devenue fripée, qui éclabousseraient mes rêves d’eau douce pour l’éternité.

     


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  • Givre

    Le givre sur les feuilles virides s'éparpille dans mon ciel et sur le sol perforé de silence. Je marche au hasard de mes pas dans la brume de janvier. Je sème mes grains blancs de solitude. Je récolte quelques joyaux de neige immaculée qui fondent sous mes pieds : diamants insolites que je voudrais thésauriser dans mon herbier d'hiver.


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