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Après la fête
Il y a quelques jours, il a neigé, plongeant les parcs dans un univers adamantin où les perles de neige formaient comme des cristaux pendus aux branches d'arbres, roulant sur le sol et lorsqu'elles tombaient, faisaient un bruit de verre qui se brise. Mais depuis avant-hier, déjà, la neige a quasiment fondu. Seules subsistent quelques plaques de verglas comme les vestiges d'une joie passée, d'une fête trop vite clôturée.
Quelques corbeaux, hâves et noirs comme la nuit, croassent à la recherche de quelque pitance. Sous le soleil froid, ils semblent dépités, presque effarouchés de solitude, avides de blancheur et de proies.
Je marche dans un désert gris et désolé. J'ai à la main quelques restes de feuilles sèches et froissées, celles qui restent après l'automne, même après l'arrivée de l'hiver, celles qui, incrustées dans le sol, déjà fossilisées, souhaitent arrêter le temps, ne plus faire qu'un avec la terre, se soustraire au ciel, gober la fraîche lumière de janvier, figer l'instant dans le miracle de l'éternité.
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